Christophe Coulomb : « Quand l’épreuve Gravelman dans l’Atlas a été lancée je n’ai pas hésité une seconde »

Christophe Coulomb : « Quand l’épreuve Gravelman dans l’Atlas a été lancée je n’ai pas hésité une seconde »

L'ultracycliste villeurbannais revient sur le "Gravelman Marrakech" où il s'est aligné mi-février, sur le format 600 km gravel avec 15.000 mètres de dénivelé positif.

Petit retour sur ton année 2022, comment l’analyses tu ?

» L’année 2022 a été une année très riche en courses ultra distance qui se sont enchaînées à un rythme élevé. La Race Across France 2.500 km en point d’orgue.

Ceci m’a permis d’aller encore plus loin dans ma pratique sportive en termes d’engagement physique et mental. J’ai également fait des rencontres incroyables avec de très belles personnes «.

Comment as-tu récupéré d’une année sportive aussi fournie, qu’as-tu prévu de changer ou simplement modifier ?

» J’ai mis un certain temps à récupérer physiquement en passant par un suivi de séances régulières avec mon kinésithérapeute. Cette année sera effectivement différente de 2022.

Tout d’abord elle marque mon nouveau statut d’ambassadeur de la marque @BAAMcycle avec laquelle je souhaitais m’engager sur des épreuves Gravel pour pouvoir varier les terrains et élargir le champ des possibles à vélo.

Ce sera une année certainement moins fournie en engagement de courses ultra distance pour préserver un meilleur équilibre sport/ vie de famille «.


Toujours licencié à l’ECOV et avec le même coach ?

» Effectivement toujours à l’ECOV même si ma pratique et mon plan d’entraînement ne me permettent pas de pouvoir rouler avec les copains aussi souvent que je souhaiterais.

Je suis toujours accompagné par Arnaud Duval (coach chez Pic de Forme) avec lequel j’ai établi une véritable relation de confiance. Il m’accompagne sportivement en prenant en compte mes contraintes personnelles, mes objectifs et est toujours disponible pour m’apporter de nombreux conseils techniques «.


Quel est ton programme de cette année 2023 ?

» 2023 a débuté avec ma participation au Gravelman Marrakech. Il se poursuivra avec un week-end de préparation mi-mars dans le Lot pour un duo de 300 km route entre Brive et Toulouse.

Ensuite je participerai au Bikingman Corse en duo, qui aura lieu à partir du 25 mai. Je n’ai pas d’autres épreuves bloquées à ce stade «.


Pourquoi le « Gravelman Marrakech « comment as-tu connu cette épreuve ? quelles sont ses particularités ?

» Gravelman est une série de courses au format Gravel et route, programmée et établie par le coureur ultra-distance de niveau international, Steven Le Hyaric.

Je rêvais depuis plusieurs années maintenant de pouvoir rouler dans l’Atlas. Notamment au travers de l’épreuve internationale l’Atlas Mountain Race. Celle-ci est très exigeante et se pratique de façon plus «accessible» avec un VTT.

Donc lorsque Steven Le Hyaric a annoncé qu’il lancerait une épreuve Gravelman dans l’Atlas je n’ai pas hésité une seconde. Cela dans le but d’évoluer dans un décor de rêve et de créer une première marche vers une éventuelle participation à l’AMR.

Steven Le Hyaric est connu pour son engagement indéfectible dans ces courses personnelles et également pour le niveau relativement relevé des traces off road qu’il propose.

Pour Gravelman Marrakech, j’étais aligné sur le format 600 km gravel avec 15.000 mètres de dénivelé positif. Un parcours engagé et exigeant dans les montagnes de l’Atlas, avec l’ascension de l’Oukaimeden à 3.000m d’altitude et des passages très réguliers de cols à plus de 2.000 mètres «.


Comment s’est passé la course ?

» La course a pris une tournure tout à fait inédite et a surpris tout le monde, organisateur y compris.

La première journée s’est révélée être de l’ordre de l’expédition. En effet, les prévisions météo n’ont cessé de se dégrader à l’approche de l’événement. Tout d’abord les températures avaient bien chuté ces dernières semaines pour devenir négatives la nuit et douces la journée.

Un grand écart conséquent, me demandant un lourd investissement dans des vêtements chauds pour pouvoir parcourir cette trace de haute montagne « sereinement ». À l’approche de l’événement, s’en est suivi l’annonce de pluie et de chute de neige. Durant la nuit, à la veille du départ, nous entendions un vent très violent qui est venu bousculer notre sommeil.

Le départ est donné à 6 h du matin après un court briefing de Steven Le Hyaric. Je pars avec 2 autres participants et abordons le début de la course en direction de la ville de Setti Fadma. Sur la route, le vent violent est toujours présent. Maintenant le vent lance de terribles rafales qui nous obligent à poser pieds à terre pour ne pas chuter dans les zones les plus exposées. Nous observons des chutes de pierres et bientôt un véritable rocher venu terminer sa course sur le bitume. La vigilance est de mise. Nous nous éloignons de la paroi rocheuse qui borde la route. La route est également jonchée de poteries cassées sur la route venant des étals situés sur le bord de la route. Les plaques métalliques ondulées faisant office de toiture n’ont de cesse de claquer au vent.

Je me demande alors si toutes résisteront aux assauts répétés du vent, le risque que l’une d’entre elles se décroche et vienne nous percuter est omniprésent.

Tout cela donne un climat de tension assez particulier dès les premiers kilomètres de la course.

Nous arrivons à Setti-Fadma , la pluie s’intensifie et les phénomènes de crue aussi. La route est maintenant régulièrement ponctuée de ruissellement d’eau qui la traverse en drainant de la boue.

Nous suivons les conseils de Steven et faisons une pause pour nous réchauffer dans un petit restaurant n’ayant plus d’électricité mais dans lequel il est possible de prendre un thé et des sandwichs au fromage, avant d’entreprendre l’ascension de l’Oukaimeden.

A peine relancés, nous devons rapidement délaisser la route au profit d’un chemin escarpé, de l’ordre du chemin de mule, marquant le début de l’ascension du col qui se fera intégralement à pied, en poussant et portant le vélo. La progression est lente sur ce chemin étroit et tortueux.

Rapidement un message de l’organisation indique que les participants sur la trace route n’ont plus accès au col par les autorités et qu’ils sont déroutés.

Bientôt, la pluie se transforme en neige et nous apercevons le chemin blanchir. Plus l’ascension se poursuit, plus le niveau d’enneigement s’accentue et les chutes de neiges sont importantes accompagnées de vent.

La trace est maintenant imperceptible dans la montagne, nous sommes dans la neige le visage fouetté par le vent et la neige. Nous peinons à nous repérer. Nous en sommes à suivre l’indication de notre compteur GPS en luttant contre le blizzard dans un décor totalement monochrome ou ciel et terre se rejoignent sans distinction.

Nous arpentons la montagne de façon verticale, la neige à hauteur de genoux. Progresser dans ces conditions tout en portant les vélos demande un effort considérable. Enfin, nous atteignons 2.000m d’altitude, la couche de neige mesure 1 mètre par endroit. Sans perspectives d’échappatoire.

Nous nous interrogeons sérieusement sur la pertinence de cette ascension et remettons en question le fait de continuer.

Tout à coup, nous apercevons un village et des personnes s’approchent de nous. Ce sont des berbères sortis de leur village situé en contrebas, nous regardant incrédules face à cette situation tout à fait improbable. Ils sont venus au secours de 2 participants un peu plus bas à bout de force physique et mentale… , en leur portant leur vélo.

Nous décidons de faire une pause au village pour établir un plan de repli. Le moment est incroyable !

Nous n’avons plus aucun moyen de communication, nos téléphones et balises GPS ne fonctionnent plus depuis plusieurs heures. Nous avons attaqué l’ascension à environ 9 h 30 du matin, il est maintenant 13 h. Les berbères nous indiquent un abri où stocker nos vélos et nous invitent à rentrer chez eux. Ils nous font plusieurs feux pour nous réchauffer et nous donnent de quoi nous asseoir. Les participants continuent d’affluer, nous sommes 15 maintenant.

Une deuxième pièce nous est offerte en délogeant des chèvres. Le feu dégage une fumée intense me piquant les yeux et m’asphyxiant. Les berbères créent des ouvertures en déposant quelques pierres des murs pour ventiler la pièce. Tout le monde est assis sur de petits tabourets ou accroupis pour ma part afin d’éviter d’inhaler trop de fumée. Nous nous réchauffons au pied du feu. La situation est dingue et l’image incroyable. Tout comme les feux qui nous sont offerts, nos corps et vêtements dégagent de la vapeur en se réchauffant, pour finir par nous envelopper dans une ambiance vaporeuse.

Les berbères ne possédant rien, vivants dans des maisons de pierres, non isolées, avec de la terre battue au sol, nous donnent tout ce qu’ils possèdent spontanément !Allant jusqu’à nous offrir du thé et des galettes.

De quoi sérieusement remettre en perspective sa propre condition et son niveau de préoccupation quotidien, tout comme le rapport que nous avons aux autres.

2 heures sont passées lorsque nous décidons de repartir du village pour redescendre en prenant la route, enneigée elle aussi. Les berbères sont inquiets, ils nous accompagneront sur une partie de la descente.

Nous sommes donc 15 participants en procession les uns derrière les autres. L’avancement est mécanique et s’effectue sous forme de passage de relais afin de partager l’effort énorme qu’il faut entreprendre pour ouvrir la trace avec son vélo dans la poudreuse. Cela durera 14 km. Au bout de 7 heures environ, nous retrouvons du réseau et le contact avec l’organisation pour indiquer notre situation.

La trace 600 km gravel est annulée, pour un report sur la trace 350 km qui ne passe pas dans les montagnes de l’Atlas.

Lorsqu’il est enfin possible de remonter sur le vélo pour pouvoir retrouver Setti Fadma situé à 3 km de là, à 18 h, au bout de 9 h de périple. Je monte sur mon vélo, ne fais que quelques mètres lorsqu’une pierre coupe mon pneu avant. Le liquide préventif sort de mon pneu mais ne parvient pas à reboucher. Me voilà donc en atelier réparation, à tenter de poser des mèches sans effet et donc dans l’obligation d’installer une chambre à air.

Le tout assisté par des locaux et 2 autres participants, au crépuscule, aidé par la lumière du téléphone portable, les mains nues exposées au froid et dans la neige… Un début de course épique !

Je relie Setti Fadma et rejoins les autres participants arrêtés, en train de se restaurer.

L’organisation nous indique que nous devons basculer sur la trace 300km gravel de part les conditions météo.

Les trois quarts des participants présents décident de ne pas poursuivre l’aventure et de rentrer au camp de base à Ourika. Mes 2 compagnons de route et moi-même décidons de poursuivre ou plutôt de commencer l’aventure direction Ouirgane (check point 1) que nous relierons samedi à 4 h du matin .

Après cette folle épopée et une courte pause de sommeil dans l’Auberge du CP1, nous remettons les compteurs à zéro et partons à l’assault de la trace 300 km. La météo est beaucoup plus clémente, tout est sublime, la trace aussi bien que le décor constitue un véritable tableau permanent composé de couleurs incroyables.

Le vélo roule très bien et me permet de progresser sereinement aux côtés de mes compagnons d’aventure équipés de VTT. Il n’y a plus de notion de course, la frustration de devoir basculer sur un parcours deux fois plus court que celui prévu est énorme. Nous décidons donc de prendre notre temps pour profiter à fond de chaque instant et des paysages qui s’offrent à nous. Nous arriverons au camp de base, à Ourika, dimanche à 3 heures du matin.

Dimanche sera une journée off pour repartir lundi en duo sur une trace de 200 km faite par Steven, passant par le désert d’Agfay. Décor somptueux et grandiose composé de dunes et d’oasis dans ce désert de cailloux, tout droit sorti des contes des 1.001 nuits.

Pour les conditions climatiques c’est sans transition, avec une température de 26°c. Crème solaire et tenue d’été sont de sorties. Nous profitons à nouveau pleinement de cette journée, accompagnée pour l’occasion de l’équipe de photographes du Gravelman, venue nous suivre en mode reportage. Nous terminerons notre périple mardi à 3 heures du matin.

Une aventure hors norme, hors du temps, qui restera gravée dans ma mémoire, partagée avec deux compagnons extraordinaires, Ali et André «.

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Et maintenant préparation pour l’épreuve suivante ?

» Je poursuis le 17 mars, avec un week-end dans le Lot organisé par Poco Loco, pour relier Brive-la-Gaillarde à Toulouse, en duo, sur une trace de 300 km en route.

Ceci dans le but de constituer les bases de l’entraînement en duo pour le Bikingman Corse qui aura lieu le 25 mai prochain «.



 

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COMMENTS

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    EugénieBeaumont 1 an

    Bonjour, je suis excité de participer à cette conversation.

    La France constitue un pays incroyablement diversifié pour ce qui est de biodiversité. Des Alpes aux Pyrénées, de l’océan Atlantique à la mer Méditerranée, la France présente une variété de paysages et d’habitats distincts. Les bois, les monts, les cours d’eau et les étendues d’eau abritent une multitude d’espèces animales, comme des canidés, des ursidés, des cervidés, des rapaces et des mustélidés. L’abondance de la diversité biologique du pays français constitue un patrimoine exceptionnel pour les passionnés de nature ainsi que les voyageurs qui désirent explorer la splendeur du monde naturel https://wald-statt-asphalt.net/zad-de-la-colline-raeumung-ab-dem-16-maerz/ Merci d’avoir créé ce site utile et intéressant.

    La fin justifie les moyens…

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    ANDREA Gilles 1 an

    Bravo Christophe, une aventure digne des livres de Tintin, un mental incroyable pour ce sortir de tous les éléments imprévus et vraiment difficiles. Respect.
    Gilles