Annouck Curzillat  » une année 2021 qui a été jalonnée de montagnes russes « 

Annouck Curzillat  » une année 2021 qui a été jalonnée de montagnes russes « 

Régulièrement une sportive ou un sportif de la région dresse son bilan de l'année 2021 et évoque ses projets pour la prochaine (32/45).

Commune de résidence et club sportif actuel ?

 » Non-voyante de naissance et native des Ollières en Haute-Savoie, je réside maintenant à Lyon et suis licenciée au CRV Lyon triathlon.

Je pratique le para-triathlon dans la catégorie déficients visuels depuis 2014. Je suis donc accompagnée par une guide féminine durant toute la compétition qui comprend 750 m de natation, 20 km de vélo et 5 km de course à pied.  »

D’abord présentation sommaire de ton passé sportif et palmarès :

 » En 2015 je franchis ma première ligne d’arrivée à l’international et je ne me suis plus arrêtée. Je monte régulièrement sur les podiums, je change de guides mais je ne participe pas aux coupes du monde de haut niveau et aux championnats jusqu’en 2019.

Puis j’accroche une 5° place aux Monde et 4° aux Europe en 2019. Le graal s’offre à moi avec une médaille de bronze décrochée à Tokyo et la médaille d’or au championnat d’Europe pour clôturer l’année 2021 en beauté.  »


Après une année 2020 tronquée, as tu été perturbée dans ta préparation ? 

 » Mais voilà, ce bronze, il a fallu s’accrocher pour aller le chercher. Avec une année 2020 blanche ça n’a pas toujours été facile de s’entraîner et de garder la motivation.

Pour moi, le report des Jeux a été une aubaine, même si l’annonce n’a pas été agréable. J’étais en pleine progression et il y avait beaucoup de points d’amélioration à travailler alors j’ai saisi cette année supplémentaire pour largement me perfectionner et cela a payé.  »

Tes points forts et préférences ?

 » La natation est le sport où j’ai le plus de lacunes et la course à pied ma discipline préférée. En compétition, j’aime bien toujours finir en sprint. Et il n’avait jamais été aussi impressionnant et indispensable qu’à Tokyo car sans celui-ci, j’aurais fini 4°.

Mais sans ma guide rien n’est possible. Aucun diplôme n’est requis, seulement un niveau supérieur au mien dans les trois disciplines pour ne pas me freiner et être lucide durant toute la course. Il faut aussi être prêt à s’adapter et à changer certaines de ses habitudes pour pouvoir pratiquer ensemble. Ma guide c’est mes yeux sur toute l’épreuve, une bonne confiance est donc indispensable.

En natation on est reliées par la cuisse et elle me touche lorsque l’on passe les bouées qui matérialisent les virages. Sur les transitions, elle m’accompagne devant mon matériel pour que je puisse m’équiper. En tandem, on pédale ensemble et elle m’indique les virages et le dénivelé. À pied, c’est la même chose, mais comme elle force moins elle peut davantage m’encourager. Une bonne relation est donc très importante pour bien se connaître et bien calibrer les besoins de chacune pour être les plus efficientes. Mes guides de compétitions n’habitent pas à Lyon, je les vois surtout en stage. Je dois donc avoir d’autres guides pour l’entraînement. « 


Combien d’heures d’entrainement par semaine, où et coaché par qui ?

 » Pour ma préparation de Tokyo mes semaines étaient rythmées par environ 10-12 entraînements mais aussi beaucoup de temps passé à les organiser quand on a un handicap visuel. Il faut planifier les déplacements pour se rendre à la piscine et trouver des guides performants pour courir notamment. J’ai dû aussi parfois me résoudre à m’entraîner le plus possible dans mon appartement pour ne pas attraper le Covid mais mon entraîneur Yohann Vincent veillait sur moi à distance. Je faisais donc du tapis de course à pied et du home-trainer pour le vélo.

En plus de ma vie d’athlète j’ai conservé mon activité de kinésithérapeute, 2 jours par semaine pour mon épanouissement personnel.  »

Avant de la détailler, comment qualifierais-tu cette année 2021 avec cette crise sanitaire ?

 » Une année 2021 jalonnée de montagnes russes.

Bien sûr ma médaille bronze a été ma plus grande joie et expérience de l’année mais ce n’est que la face immergée de l’iceberg car la route pour y arriver n’a pas été facile en 2021. Le début d’année a été perturbé par des soucis personnels et le Covid, ce qui m’a limité dans mes entraînements. En mai, ma qualification qui était presque assurée est remise en cause car nous ne marquons aucun point suite à une erreur de parcours à Yokohama et cela me relègue à la 10° place mondiale alors que j’étais 5°. En juin je remonte 2 fois sur le podium à Besançon et la Corogne mais cela ne suffit pas à remonter dans le classement.

Alors une grande incertitude s’installe car j’ai le niveau pour rivaliser avec les meilleures. Le 5 juillet, c’est le soulagement car suite à une demande d’invitation faite par ma fédération en justifiant ma légitimité, les instances internationales reconnaissent mon niveau et m’octroient une place pour prendre le départ. Mon dossard en poche, je me suis battue jusqu’à la ligne d’arrivée le 28 août.

Sur une bonne lancée, je gagne le championnat de France à Saint Jean de Monts (le 12 septembre) et le Championnat d’Europe à Valence en Espagne (le 25). »


Petit bilan sportif, as tu atteint tes objectifs ?

 » Le bilan sportif est plus qu’accompli car je m’étonne encore aujourd’hui d’avoir été si performante physiquement et mentalement avec tous les stress auxquels j’ai dû faire face en 2021.  »

Ton programme pour 2022 ?

 » Pour 2022 rien n’est encore figé. Si mes conditions d’entraînement s’améliorent nettement et si ma relation avec une nouvelle guide de compétition, encore inconnue, me convient, je poursuivrai peut-être l’aventure jusqu’à Paris. Seul l’avenir nous le dira !  »


Prochain bilan > Denis Corneloup (Vaulx en Velin Triathlon).

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