VILLEURBANNE | Christophe Coulomb de retour du « Bikingman Euskadi »

VILLEURBANNE | Christophe Coulomb de retour du « Bikingman Euskadi »

Le membre de l'ECOV a disputé du 6 au 9 septembre dernier au Pays Basque, cette course d'ultracyclisme de 1.000 kilomètres.

Pouvez-vous vous présenter, depuis quand pratiquez vous le vélo et êtes licencié à l’Entente Cycliste Olympic Villeurbannais (ECOV) ?

 » Christophe Coulomb, 37 ans, marié, 2 enfants (6 et 8 ans). J’ai débuté le vélo en 2018, en adhérant au club de Cailloux-sur-Fontaine (CSVS). En juin 2019 je choisis de me faire coacher pour avoir un vrai plan d’entraînement et pouvoir progresser intelligemment. Mon choix se porte sur le coaching de « Pic de Forme » composé de Claude Cavagna et Arnaud Duval, tous 2 membres de l’ECOV. J’intègre ce club en septembre 2019, dans l’objectif de me lancer dans la pratique du cyclocross.

J’ai commencé par m’aligner sur des cyclosportives locales, comme La Bisou (75 km), La Bourgogne Cyclo, ou encore le Raid du Bugey. Mon 1° grand défi fut L’Ardèchoise (175 km). Ensuite, j’ai eu envie de découvrir les Alpes au travers d’épreuves telle que la Time Megève Mont-Blanc, la Supergranfodo Galibier Izoardou encore l’étape du Tour 2019 (Albertville / Val Thorens) « .


Pourquoi cette course, l’aviez vous déjà faite et roulé sur une telle distance ?

» Ma participation au BIKINGMAN EUSKADI résulte d’une succession d’évènements. En 2020, je me donne pour objectif de participer à la cyclosportive du « Tour du Mont Blanc » (338 km et 8.500 de D+). Arrive la crise sanitaire qui chamboule nos vies, le sport y compris. L’annonce tombe, la TMB est annulée. La déception est forte. Je me suis entraîné dur, avec de nombreux déplacements dans les Alpes pour préparer cette épreuve. Mon coach me parle alors d’une course maintenue au format similaire, La Race Across France (335 km). Mon nouvel objectif est là !

Je m’élance dans ce format que je découvre, rouler de jour comme de nuit sans assistance. Cette épreuve fut une révélation, 15 h 20 de vélo non stop pour arriver au sommet du Ventoux à 2 h 30 et obtenir la 9° place au classement. C’est à partir de cette épreuve que naît l’envie d’aller plus loin, sur des formats ultra distance de 1.000 km, enchaînant plusieurs jours et nuits de périple.

En décembre 2020, je scrute les courses du championnat Bikingman, recentrées sur la France, à cause du COVID. Les grands espaces, l’aventure humaine en totale autonomie et la philosophie d’Axel Carion sont autant d’éléments qui me motivent et me font rêver ! J’hésite fortement à m’inscrire sur EUSKADI car le parcours me fait rêver, mais le défi me semble très très relevé pour une 1°  expérience. Je m’inscris donc sur AURA fin mai 2021. Finalement, suite à des mouvements de dates sur le calendrier Bikingman, je reporte mon inscription sur FRANCE, fin juin 2021. A partir de Janvier je suis un entraînement rigoureux, au rythme de 2 à 3 séances de Home Trainer par semaine et 2 séances d’endurance le week-end, dans des conditions climatiques souvent capricieuses cette année. Je m’élance sur le Bikingman FRANCE, le 24 Juin 21. Cette expérience fut incroyable, faite de belles rencontres et de décors à couper le souffle. A l’issue de cette aventure, j’échange avec Axel qui me confirme qu’il est encore possible de s’inscrire à EUSKADI. C’est décidé je m’inscris ! Mon entrainement pour le France et l’épreuve du France en elle même, sera ma préparation pour EUSKADI « .


Quel était votre objectif (temps, classement) ou tout simplement de finir ?

 » Mon objectif sur EUSKADI était de finir dans le même timing que sur le France, soit 4 jours, malgré les 3.000 D+ supplémentaires à gravir « .


Comment s’est passé la course au fur et à mesure du parcours ?

# jour 1

  » Il est 5 h du matin, lundi 6 septembre 2021 à Anglet. Dans une ambiance de chants basques les SAS de 20 coureurs se forment et les départs se succèdent. Les premiers 100 km sont roulants, la température est agréable et je m’efforce de trouver mon rythme d’endurance pour ne pas dépenser trop d’énergie inutilement. La 1° difficulté du parcours apparaît, une portion du col de Artzamendi avec des pentes à 18 %. Mon vélo, chargé à 14 kg, l’ascension se fera sans répit et en danseuse, à l’image de ce que seront l’ensemble des cols basques. Moi qui m’attendais à affronter des pluies diluviennes, c’est en fait la chaleur qui marquera cette 1° journée, avec des relevés jusqu’à 38°c. Le corps est mis à rude épreuve. Je progresse en l’hydratant le plus possible et en m’arrosant le visage et la nuque. Je prends même la décision de faire une micro sieste de 20 minutes à l’ombre pour tenter de me rafraîchir un peu car je sais que mon objectif de rejoindre Bagnères-de-Bigorre est encore bien loin. La nuit est tombée, j’atteins le col de Spandelles après avoir parcouru 280 km sous une chaleur écrasante. Les derniers km d’ascension me paraissent interminables. Quelques coureurs sont à l’arrêt sur le bas-côté. Quant à moi, je commence à m’endormir sur le vélo. Je lutte en me mouillant le visage et la nuque au détour d’un abreuvoir au bord de la route. Arrivé au sommet, il paraît évident qu’une pause est indispensable pour ne pas littéralement tomber de fatigue. Je descends avec 2 autres participants sur un bitume dégradé parsemé de gravillons. Exténués nous faisons bivouac à Argelès Gazost « .

# jour 2

 » Après 1 h 30 de sommeil approximatif, dans mon sac de survie, je décide de repartir pour Bagnères-de-Bigorre où un lit et une douche m’attendent. 4 h du matin, l’arrivée à Bagnères-de-Bigorre est salvatrice. Une douche ,1 h de sommeil dans un vrai lit et un petit déjeuner, pour repartir revigoré. Aujourd’hui la chaleur est moins intense, ce qui est appréciable, d’autant plus que le programme est chargé avec le col d’Aspin, Tourmalet, Soulor, Aubisque et Marie-Blanque. Sans compter les nombreuses « patates » qu’Axel a pris soin de disséminer tout le long du parcours. 12 h 20, le col d’Aspin franchi, je marque une courte pause pour mon 1° repas chaud et calorique. Ce sera burger, frites et Coca. 14 h 20, je pointe au CP1 à la 28° place. Je ne m’arrête pas pour conserver mon rythme dans l’ascension du Tourmalet. S’en suivent Soulor et Aubisque, tous 2 magnifiques. La nuit s’installe, je suis seul dans Marie-Blanque, bercé par la mélodie des cloches du bétail dans les pâturages. J’effectue la descente en redoublant de vigilance car l’état des routes, les animaux et leurs excréments qui s’y trouvent, sont autant de pièges à éviter. Il est 22 h, j’ai besoin de dormir et de manger. Je prends la décision de quitter la trace pour un détour de 13 km car une chambre et un repas sont à la clef et je sais que je ne vais pas beaucoup dormir sur la suite de cette aventure « .

# jour 3

 » 5 h 20, je me réveille en sursaut, j’ai oublié d’activer la sonnerie de mon réveil ! Je pars à bonne allure pour retrouver la trace. En route pour le CP2 ! Je passe le Col d’Ictère, de Labays verdoyant et bucolique, suivi de Hourcère qui me donne bien du fil à retordre avant d’arriver à la Pierre Saint-Martin offrant de somptueux panoramas. Je bascule en Espagne, la faim est là depuis un moment, elle sera satisfaite par une bonne pizza au détour d’un petit village. Il est 17 h, après avoir roulé de longues heures, j’approche de la dernière difficulté du jour avant d’atteindre le CP2, le Col de Bagargui. Les pourcentages de Bagargui sont fidèles à la promesse d’Axel. Ici la pente ne me ménage pas et l’ascension se fera en prise, principalement debout sur les pédales. Je suis à 900 m du sommet lorsqu’un épais brouillard se pose sur la route accompagné de gouttes de pluies, qui me font accélérer la cadence. L’accueil au CP2 est chaleureux. Le plat de pâtes proposé me réchauffe le corps et l’esprit. J’en profite pour mettre en charge mon matériel électronique et décide de dormir 2 h avant de reprendre la route pour affronter cette partie qui s’annonce « sauvage ». 10 h 30, après 1 h d’un sommeil léger, du fait des arrivées successives des participants, je prends la décision de partir avec 3 autres participants dans le même cas que moi. Nous nous engageons alors dans ce qui sera une nuit mémorable aux conditions dantesques !

Routes étroites, défoncées et recouvertes de déjections d’animaux sur lesquelles pullulent les animaux en libertés. Le brouillard épais toujours présent, qui rend mes éclairages quasiment obsolètes. La tension est maximale !  »

# jour 4

 » Après 9 h de roulage épique et seulement 95 km parcourus, nous tentons une pause à Arnéguy (au km 800). Finalement, dormir ici s’avèrera impossible. A défaut, cette pause sera l’occasion de recharger mon équipement au bord du black-out et d’un petit déjeuner. Malgré l’épuisement nous repartons avec mes compagnons de la nuit. La route demeure rude et verticale ! Après l’ascension du col de Teilary au km 856, arrivé au sommet arboré, nous marquons une pause pour dormir 20 minutes.

Nous progressons dans cette partie sauvage du parcours, ici pas de ravitaillement possible. Le passage par Baztan en Espagne, sera l’occasion d’un arrêt, fruits et coca. Les kilomètres défilent lentement, mais peu à peu c’est le retour à la « civilisation ». Mon dernier arrêt se fera dans une boulangerie à Itxassou pour un warps et un Euskola (pays basque oblige). 60 km me séparent maintenant de la finish line. J’accélère le rythme et jette mes dernières forces, car l’envie d’arriver est forte ! La nuit tombe, lorsque je réalise que j’ai perdu mon éclairage arrière et que je n’ai plus de batterie sur mon éclairage de cintre. Heureusement j’ai un éclairage de secours pour l’arrière et je peux compter sur ma frontale fixée au casque pour pouvoir voir devant moi.

Je double la 1° paire et continue à rythme soutenu. Les kilomètres s’amenuisent. J’aperçois maintenant l’entrée du camping où se trouve la finish line. Ca y est je passe sous l’arche, accueilli par l’équipe du BIKINGMAN, après 87 h 19 de course, pour finir à la 20°  place « .


Vos temps et classement vous conviennent-ils ? Satisfaction ou regrets sur certains points de la course ?

 » Au final, je suis satisfait de mon temps qui correspond à mon objectif. Mais bien au delà de ça, j’ai vécu une aventure incroyable, faite de rencontres, de situations inédites qui m’ont poussées dans mes retranchements, durant lesquelles j’ai pu me retrouver face à moi même. J’ai pu découvrir ma capacité à m’adapter, à aller au delà de mes craintes et à puiser de l’énergie insoupçonnée « .


Avez-vous bien récupéré, pas de douleurs ou blessures ?

 » Durant la course, j’ai connu principalement 2 types de douleurs. Au niveau de la paume des mains à force de porter mon poids dessus en étant en danseuse dans les nombreuses ascensions et aux ischios à cause des frottements durant les longues heures de selles.

Pour optimiser la récupération, j’ai réalisé une séance de cryothérapie et pressothérapie de retour sur Lyon, au centre du sport à Lyon 7°. Depuis, je veille à bien m’alimenter, m’hydrater et prends soin de mon sommeil » .

Et maintenant dans votre agenda quel nouveau défi vous êtes vous fixé ?

 » Actuellement, je n’ai pas encore de nouvel objectif. Je vais prendre le temps de recharger, me ressourcer auprès de ma famille avant d’envisager d’autres aventures sportives » .


                       + d’infos sur le BikingMan EUSKADI                         


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