Audrey Liénart  « un Ironman très éprouvant, je n’ai pas du tout eu la même expérience que lors du premier « 

Audrey Liénart « un Ironman très éprouvant, je n’ai pas du tout eu la même expérience que lors du premier « 

La licenciée à l'ASVEL Triathlon était samedi dernier sur la ligne de départ du championnat du monde longue distance, à Saint George (USA).

Vous avez appris mi-janvier votre qualification pour ce championnat du monde, comment l’avez-vous préparé ?

 » Le championnat du monde étant début Mai (en France la saison démarre à peine), pas de course de triathlon malheureusement mais une bonne prépa avec un maximum de 24 h/semaine d’entrainement atteint 3 semaines avant l’objectif. Je travaille plus de 35 h par semaine, il est compliqué d’en faire beaucoup plus en semaine » .

Fière de représenter la France et votre club de l’ASVEL Tri ?

 » Très fière de représenter la France et le club de l’ASVEL Tri 🙂


Présentez-nous cette épreuve (3,8 km de natation, 180 km en vélo et un marathon de 42,195 km), avez-vous étudié le parcours ?

 » Oui, j’ai reconnu une partie du parcours vélo en vélo et le reste en voiture. Je suis arrivée 5 jours avant la course à St George. J’ai été nager dans le lac de la compétition pour tester la température et mon matériel. Enfin j’ai reconnu une des longues côtes du parcours course à pied « .

Y a-t-il des secteurs du parcours vélo à redouter où que vous attendiez car c’est votre discipline préférée ?

 » Les parcours vélo et course à pied sont très exigeants : 2.200m de dénivelé positif sur le parcours vélo concentré entre les km 100 et 160 ainsi que 546 m de dénivelé positif sur le parcours course à pied.

A ceci s’ajoute des conditions météo difficiles : 34C et un fort vent de travers dès 14 h « .

Quelles étaient vos ambitions (temps et classement) ?

 » Mes ambitions niveau temps étaient de finir en 12 h avec des conditions météo idéales (25C et peu de vent). J’ai gardé cette ambition le jour de la course mais je savais que cela allait être compliqué à réaliser.

Pas d’ambition de classement, être dans la première moitié du top mondial m’aurait suffi « .

Comment était la météo au départ puis au fur à mesure de l’épreuve ?

 » Peu de vent au démarrage mais dès le début de la natation, des vagues puis du vent de face puis de côté sur le parcours vélo. Ils avaient prévu des nuages mais il n’y en a pas eu, une grosse chaleur à la place entre roche et bitume « .

Quel type de temps vous convient le mieux ?

 » 25C et peu de vent avec du soleil « .



Comment s’est passée votre course ?

Mon compte rendu de course :

 » Je prends le départ à 7 h 57 dans la vague F30-34 soit 1 h 30 après le départ des pros féminines et en rolling start. Les conditions du lac se sont un peu détériorées, des vagues commencent à se former, j’aurais préféré un départ mass start mais c’est ainsi.
L’eau était à 16C et il y avait une bonne visibilité. Niveau sensation au départ, je sens une tension dans le triceps gauche, j’essaie de ne pas trop y penser et de nager en glisse tout en maximisant la phase de récup dans l’air. Soient les vagues, soit mon bras gauche un peu fatigué me déporte sans arrêt sur la gauche (les bouées seront en continu à ma droite). Ma nage n’est donc pas très droite et je dois plus souvent lever la tête. Je sors en 1 h 23 de la natation, un peu déçue par le chrono car j’avais fait 1 h 20 à Cascais et j’espérais améliorer mon chrono de quelques minutes.

Je fais une bonne transition T1, j’ai hâte de monter sur mon vélo et de faire ce beau parcours. Les 30 premiers km proches du lac sont très roulants : des montées de 500 m à 1 km et des grandes descentes avec une bonne visibilité, ça passe très vite ! Ensuite j’attaque le retour vers St George avec un vent de face grandissant au fur et à mesure des heures …
Vers le km 70 je commence à avoir un léger coup de mou, j’ai du mal à suivre ma stratégie de nutrition, je sais que je ne mange pas assez mais je n’arrive pas à manger mes barres chaudes. Cependant j’ai une très bonne hydratation, c’est déjà ça étant donné la température, il devait déjà au moins faire 30C à ce moment de la course.

Ensuite j’attaque la première boucle dans les canyons, c’est parti pour 30 km de montées avec 3 bons coups de cul sur le parcours ! On cuit sur le parcours entre la roche et le bitume … le vent ne me dérange pas sur cette partie. À Veyo, au pic de la boucle 1, je retrouve Yohan et ça fait du bien, je sais que le plus dur est derrière moi et ensuite s’annonce la partie où je suis à mon avantage. Mon avantage certes mais avec des rafales de côté … impossible d’être sur les prolongateurs sur les parties les plus exposées, je me mets dans la position la plus aéro possible : 30 km plat descendant ou descente, c’est pour moi ça je double plein de concurrentes qui m’avaient dépassées lors de mon coup de mou.

Ensuite j’attaque la seconde boucle, 15 km de montée dans le snow canyon avec la plus longue montée du parcours, 4 km, pas une grosse difficulté, je me suis habituée à pire en entraînement. Beaucoup d’athlètes marchent à côté de leur vélo sur cette partie, c’est un peu étrange sur un championnat du monde.

Je ne lâche rien malgré la chaleur, je veux terminer mon vélo en 7 h pas une minute de plus ! Je retrouve ma partie préférée qui rejoint la fin de la boucle 1 et je pose le vélo en 7 h 02.

Plus qu’un marathon, c’est pas maintenant qu’on va s’arrêter ! Je découvre l’état des jambes, c’est pas la joie le dénivelé et la chaleur ont marqué les quadri. Le parcours course à pied est exigeant : 2 boucles de 21 km – 4 km de montée puis descente puis 6 km de montée puis descente. Je fais un stop aux toilettes, je ne me sens pas très bien. Ça ne passe pas vraiment mais je continue à courir, je retrouve Yohan sur le parcours CAP, je fais toute la côte en courant, ensuite j’entame la descente, c’est dur mais je tiens bon, puis la montée et la dernière descente du 1° tour je la fais à un bon rythme.

Le 2° tour est une autre histoire … la chaleur est vraiment forte à ce moment, environ 34C à l’ombre et on est très exposé, quand j’attaque la 1° montée du 2° tour, je n’ai plus de jambes, je n’arrive plus à courir, j’essaie plusieurs fois de repartir mais j’ai les quadri tout durs et je commence à avoir la nausée quand j’essaie de courir … alors je marche en attendant la descente. Je cours dans la descente, il commence à faire nuit et je remarque que quand je m’asperge d’eau, la sensation de nausée disparaît, je comprends que j’ai du prendre un coup de chaud sur le premier tour … j’arrive à courir à nouveau dans la seconde montée et je termine en courant le marathon. Enfin la finish line !

Je termine en 14 h 25, un Ironman très éprouvant ! Je n’ai pas du tout eu la même expérience que lors de mon premier.

A chaque pas de plus vers la ligne d’arrivée, je pensais à toutes les personnes qui m’ont encouragées et je ne pouvais pas m’arrêter, je devais finir cette course « .

Votre impression globale ?

 » Déçue du chrono, j’ai fait un bon vélo étant donné les conditions mais la course à pied a été très compliquée à cause de la chaleur, du vélo qui avait consommé déjà beaucoup d’énergie et du dénivelé » .


Une petite anecdote sur la course ?

1) Dans ma catégorie d’âge, 21 femmes ont abandonné sur 69, soit 30 % ! un taux énorme pour un Ironman et encore plus pour un championnat du monde. Au total, on m’a dit qu’environ 200 féminines ont abandonné la course sur 700 au départ.
2) Laurent Jalabert était sur le championnat du monde et a mis 5 h pour finir le marathon !  »

Maintenant place à la récupération, quel prochain objectif sportif ?

 » Pas d’objectif de prévu pour la suite de la saison. Je m’inscrirais en fonction de mes envies sur des cyclo-sportives, des triathlons ou du trail « .


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