Julien Picard « Un marathon que j’avais dans un coin de la tête et rêvais de faire depuis plusieurs années »

Julien Picard « Un marathon que j’avais dans un coin de la tête et rêvais de faire depuis plusieurs années »

Après Paris en avril, le coureur minimaliste lyonnais disputait dimanche à Valencia son second marathon de l'année avec l'objectif de descendre enfin sous les 3 heures.

Après semi-marathon de Cannes et marathon de Paris courus au premier semestre, comment s’est passé la seconde partie de 2023 ?

» Suite à ma déchirure au mollet sur le marathon de Paris qui m’a empêché de réussir mon objectif de descendre sous les 3 h, j’ai dû faire des soins et du kiné.

Cette blessure a complètement chamboulé la suite de mon programme. Bruno, mon binôme d’entraînement, et un autre ami, David, m’ont convaincu de m’inscrire sur le marathon de Valencia le 3 décembre pour retenter ma chance afin d’oublier mon énorme frustration de Paris. C’est ce que j’ai fait. Du coup, j’ai zappé toute ma saison de trail même si j’ai fait quelques tops sorties pour le plaisir comme le GR20 avec des potes des BRONZAMIS. C’était grandiose ! «


Tu as programmé le marathon de Valence, pourquoi cette course, ses particularités ?

» Comme évoqué dans le point précédent, c’est mon « échec » sur Paris et l’« insistance » de 2 potes qui m’ont fait aller à Valencia.

Après c’est un marathon que j’avais dans un coin de la tête et que je rêvais de faire depuis plusieurs années. Notamment pour fouler le fameux tapis bleu au milieu des piscines de la Cité des arts et des sciences. C’était donc l’occasion. Après je sais que c’est un marathon taillé pour la performance. Il est plat, la météo est normalement très favorable, il y a une énorme densité de très très bons coureurs (le meilleur du Monde) et il est surtout très bien placé dans le calendrier.

Se situant premier dimanche de décembre (comme la SaintéLyon), ça laisse 3 mois de préparation (septembre/octobre/novembre) sans grandes vacances scolaires au milieu et sans températures estivales d’entraînements comme pour préparer Berlin par exemple « .

Comment l’as-tu préparé et quel était ton état de forme sur la ligne de départ ?

» Ma prépa n’a pas été top. Je l’ai commencé un peu tard, mi-septembre, après avoir passé 5 jours pour faire le tour du Queyras avec mon meilleur ami. C’était initialement prévu fin août mais le mauvais temps nous avait obligé de décaler. Du coup, entre le retard pour attaquer la prépa et le manque d’entrainement continu depuis ma blessure, j’ai attaqué presque de zéro et plein pot pour me mettre immédiatement dedans.

Et ce qui devait arriver arriva. J’ai très vite explosé. Je me suis quand même accroché et n’ai jamais lâché mais j’ai SUBI sur toutes les séances. C’était très dur physiquement et par ricochet moralement. Mais je ne pouvais pas abandonner mon Bruno et mon objectif initial de 2023, faire -3 h au marathon.

Il y a eu une nette amélioration un mois avant la course qui m’a permis de profiter des 15 derniers jours d’entraînements où je me sentais à nouveau bien et en maitrise. Ce qui m’a redonné un peu de confiance et me laisser penser que mon objectif était toujours réalisable sur la ligne de départ « .

Quelles sont tes références sur un marathon ? et tes ambitions pour celui de Valence ?

» Mon meilleur temps était 3 h 34 sur Annecy, il y a plus de 10 ans. Puis 3 h 10 à Paris en avril avec aucun marathon entre.

Je ne suis pas un spécialiste de cette course qui est pour moi la plus difficile. À titre personnel bien plus qu’un ultra trail. Mes ambitions étaient de me faire plaisir, de profiter du moment, de respecter les allures et de tout donner pour faire le SUB3 tant espéré « .


Comment s’est passé la course ? et la météo ?

» La météo était parfaite. Vu la densité, je suis parti dans la 2° vague, 10 minutes après le départ officiel. J’étais dans le SAS rose 2 h 49 – 2 h 59 (sur justificatif de performance). Je suis parti prudemment. Il y avait énormément de monde et les 6 premiers kilomètres n’étaient pas « confortables » pour moi. On faisait beaucoup le yoyo avec beaucoup de changements d’allures. Ce que je n’aime pas. En fait, il y avait les ballons (meneurs d’allure) 3 h qui bloquait un peu le passage. J’ai fait un effort pour les dépasser au 7° kilomètre sur une zone plus large. J’ai bien fait car même s’il y avait encore beaucoup de coureurs devant, je pouvais enfin avoir une allure régulière. De toute façon sur cette course vous n’êtes jamais seul. Même pour ceux qui font des temps canons ! J’étais dans ma zone, concentré à bien me relâcher et bien me ravitailler. Tout était parfait. J’étais dans la fourchette basse de mes allures (4’10 au kil).

Le 30° kilomètre passé, tout allait bien. Je me sentais même costaud. Je me suis dit qu’il restait un peu plus de 10 bornes et que je pouvais en remettre un peu. J’ai fait un 31ème kilo un peu plus rapide que les précédents et est verrouillé juste après entre le 32 et 33°. Erreur de débutant sur ce format ! Du coup, je me suis pris le fameux MUR en pleine tête. Mes quadris étaient en feux.

J’ai réussi à maintenir le rythme jusqu’au 35° et ai dû serrer les dents sur les 7 derniers où je me suis effrité tout en restant dans des allures correctes (4’20/4’30). Je me répétais sans cesse de me relâcher au maximum pour ne pas cramper et être ainsi sur le carreau, et surtout que l’objectif de – 3 h, c’était aujourd’hui et pas à la prochaine course. J’ai tenu malgré la douleur et quand j’ai vu le panneau 900m, j’ai compris que c’était gagné et que plus rien ne pouvait m’arriver.

J’ai fini fort … en maintenant l’allure, suis arrivé sur le tapis bleu et ai passé l’arche d’arrivée en 2 h 57’29’’ avant de retrouver mon Bruno qui m’attendait et qui était parti dans le 1° SAS et qui a terminé en 2 h 45 ! «

Au final, satisfaction ou déception ?

» Au final, c’est une énorme satisfaction pour moi. Mon 1° marathon en-dessous de 3 h. Ce n’est pas un aboutissement mais j’espère un déclic ou un tremplin pour aller chercher encore plus loin. J’ai toujours l’envie de progresser « .


Des anecdotes sur la course ?

» Ce week-end était grandiose à tous les niveaux. La ville, l’ambiance, la météo, la course, les potes, mon Bruno et un SUB3. Il l’a été encore plus lors de notre footing de déblocage avec Bruno la veille de course lorsqu’une de mes idoles Kenenisa Bekele nous a doublé. C’était incroyable ! Juste le temps de piquer le portable de Bruno pour filmer LA LÉGENDE de la course à pied.

J’ai même eu la chance et le privilège de pouvoir le serrer dans mes bras, d’avoir une photo à ses côtés. INOUBLIABLE «


Et maintenant repos, avant de préparer une année 2024 encore bien chargée sportivement ?

» Là, c’est OFF durant 15 jours. Pas de course à pied. Uniquement des soins et un peu de vélo ou piscine pour récupérer.

Mes objectifs 2024 ? Faire une saison complète sur la route pour tenter de battre mes records du 10 km et du semi-marathon afin de pouvoir être dans la 1° vague (SAS bleu) du prochain marathon de Valencia qui aura lieu le 1er décembre 2024 et sur lequel je suis déjà engagé ! 1 an pour préparer un braquage « .

Et pour conclure ?

» Pour terminer, je vais remercier une nouvelle fois chaleureusement mon groupe d’entraînement et plus particulièrement mon coach Pascal Palluy qui me supporte au quotidien et sans qui tout ça ne serait pas possible « .


Ce diaporama nécessite JavaScript.

CATEGORIES
TAGS
Share This

COMMENTS

Wordpress (0)